Résidence Alakaluf : dix logements sociaux – Le Havre
Dans la continuité d’un intérêt manifeste pour l’architecture en béton et suite à une visite commentée de l’église Notre-Dame de Bonsecours (voir p.51), la direction d’Alcéane a souhaité confier à l’agence la réalisation d’une opération de construction de 10 logements dans le quartier de Sainte-Marie, près de la gare SNCF du Havre. Le choix a été fait de conserver les traces de ce quartier malgré la démolition de l’ancien conservatoire du quartier et une reconstruction qui peut toujours s’avérer périlleuse et amnésique de l’histoire du lieu. Rapidement, il est décidé de « retourner » la façade du projet pour ne pas créer un mur pignon aveugle. Au contraire, il s’agit d’ouvrir les logements vers le sud de la parcelle et permettre ainsi des vues traversantes en direction du fond de la parcelle du projet. Le hall se devait d’être le plus transparent possible. Il ne se dérobe pas au regard du passant qui, depuis la rue, peut comprendre l’édifice. Ces logements participent à une promenade urbaine et à la vie du quartier.
Le bâtiment d’entrée marque une transition avec les immeubles en front de rue et met en valeur le bâtiment d’angle qui vient achever ce front. Celui-ci accueille des locaux communs en rez-de-chaussée et des logements aux étages. S’élevant à près de quinze mètres et comptabilisant cinq niveaux, il est le bâtiment le plus haut et constitue l’articulation du projet. Les deux derniers étages sont aménagés en duplex avec des double-hauteurs. Moins élevés, les bâtiments en arrière permettent une transition progressive avec le tissu bâti au sud et à l’ouest du projet, dont les hauteurs varient entre un et deux niveaux au-dessus du sol. Ils sont séparés par un retrait où viennent se loger quelques terrasses qui tissent un lien entre les bâtiments tout en filtrant la lumière. On retrouve l’esprit des venelles typiques le long de la façade sud, en écho aux maisons en bandes de la venelle située sur les parcelles contiguës au sud. La séquence d’entrée permet aux habitants de pénétrer progressivement au sein des logements depuis l’espace public. Inspiré des travaux de l’architecte italien Carlo Scarpa, un bassin d’agrément en béton blanc préfabriqué est posé entre la circulation du rez-de-chaussée et l’un des murs mitoyens de la parcelle.
De l’autre coté, ce sont les jardins des logements qui opèrent une distanciation des mitoyens et mettent en valeur les murs de briques conservés. Les logements sont desservis par un escalier extérieur en béton coulé en place et suspendu à la passerelle de distribution des différents niveaux. En prenant de la hauteur on découvre peu à peu les toits du Havre et ses environs. Des terrasses privatives connectent les deux bâtiments de logements. Un soin particulier est apporté aux détails d’exécution : la présence du béton est adoucie par le bois des menuiseries et la finesse des éléments de serrurerie.
Les logements sont baignés de lumière. Aux troisième et quatrième étage, des double-hauteurs permettent d’apprécier pleinement l’horizon havrais. Des loggias exposées plein sud dilatent généreusement l’espace du logement, extérieur et intérieur s’interpénètrent et communiquent. Les habitants disposent de véritables espaces extérieurs au sein de leurs logements.