Le projet de construction de cette nouvelle église au Havre a été initié par le Diocèse du Havre en 2008 car l’ancienne église Notre-Dame de Bonsecours ne permettait plus d’accueillir les fidèles dans de bonnes conditions à des coûts raisonnables de travaux. Edifiée sur une parcelle profonde occupée en partie par une opération de logements sociaux, l’église est construite à l’alignement sur rue pour présenter une face urbaine en relation avec la ville et les habitants du quartier. Le volume de la nef est implanté en retrait des limites séparatives afin de ménager des apports de lumière au cœur du projet – patio à l’est et parvis à l’ouest – et d’adapter l’échelle à un quartier formé de bâtiments disparates en front de rue. Un auvent accroche l’église au presbytère rénové ultérieurement. Conçu sur un plan centré, le bâtiment est fait de béton brut coulé en place avec une finition soignée. L’économie d’échelle du chantier adjacent a bénéficié à la réalisation de l’église.
Les arrivées de lumière sont multiples et organisent l’espace pour que la célébration liturgique soit magnifiée. La nef de dix mètres de hauteur, inversée par rapport au plan basilical classique, se déploie de l’orgue au baptistère. Le positionnement du transept perpendiculairement à la rue permet d’affirmer la présence de l’édifice, notamment par un voile béton évidé laissant apparaître une croix. Erigé dans le prolongement de la façade principale, le clocher est un portique de béton culminant à 16 m. Ce signal urbain accueille à son pied les fidèles et à sa tête la cloche de l’ancienne église qui leur est restituée.
Tout a été dessiné dans ce projet, avec simplicité et rigueur, et avec comme objectif la réalisation du beau au service de la liturgie et de l’accueil des personnes. Du mobilier liturgique aux bancs de l’église, la préoccupation fut de faire travailler les artisans locaux, de rechercher le meilleur compromis entre ce qu’il est raisonnable de faire à un prix contenu et ce qui doit être fait pour que la qualité et la finesse des détails soient présentes. Le podium de l’abside, l’ambon, l’autel et le baptistère, pièces maîtresses de la liturgie catholique, ont été réalisés en béton préfabriqué poli, bronze et cuivre. Le siège du célébrant et les assises des fidèles sont en bois massif de chêne. La pureté des lignes de l’architecture et la teinte du bois en contraste avec le sol en béton ciré donnent à l’ensemble une harmonie simple et priante. Tout cela n’est possible qu’avec la conscience lors du dessin de l’extrême précision de la vie liturgique et du sens liturgique. Il s’agit de recueillir une assemblée autour d’un centre, l’autel, en tension vers l’abside. Celle-ci est très importante. En son absence il n’y aurait qu’une assemblée tournée vers elle-même et sans l’autel, il y aurait une concentration des « foyers liturgiques », une collusion visuelle dans l’abside. Cette tension entre axe et centre est indispensable pour que l’église ne soit pas un lieu statique mais dynamique, que l’assemblée soit en cheminement mais aussi rassemblée. La lumière du Havre et de son bord de mer est domestiquée, sa violence se transforme en douce lumière priante.